LA FLÛTE ENCHANTÉE
L’ultime opéra de Mozart et une distribution exceptionnelle pour la première mise en scène de Cédric Klapisch. C’est un conte merveilleux et ludique, qui raconte le parcours initiatique vers la sagesse et le sacré d’un couple d’amoureux entre l’univers de la nuit et celui de la lumière.
Dans son opéra testament, Mozart oppose deux univers, celui de la nuit et celui de la lumière. La sagesse s’acquiert après un long parcours d’apprentissage rappelant les rituels maçonniques auxquels Mozart était initié. On y suit les aventures de deux couples et deux instruments magiques. L’oiseleur Papageno et son carillon magique (glockenspiel) qui lui sert à amadouer les oiseaux et à séduire Papagena. Le prince Tamino et sa flûte enchantée qui lui permet de franchir les épreuves pour obtenir l’amour de Pamina. Le célèbre metteur en scène de cinéma Cédric Klapisch relève le défi de moderniser ce chef-d’œuvre progressiste qui le fascine dans le plus pur respect de sa symbolique.
“La Flûte enchantée”, écriture d’un opéra féérique.
Au printemps 1791, Mozart est toujours à Vienne. Avec son ami librettiste Emanuel Schikaneder, ils commencent à écrire un opéra féerique, “La Flûte enchantée”. “La Flûte enchantée, écriture d’un opéra féérique » est le deuxième épisode de la série « Mozart à Vienne en 1791 » de France Musique, émission Musicopolis.
Wolfgang Amadeus MOZART (1756-1791)
Livret de Emanuel Schikaneder
créé le 30 septembre 1791 au Theater auf der Wieden à Vienne
Direction musicale François-Xavier Roth
Mise en scène Cédric Klapisch
Scénographie Clémence Bezat
Costumes Stéphane Rolland et Pierre Martinez
Lumières Alexis Kavyrchine
Chef de chœur Gaël Darchen
Tamino Cyrille Dubois ténor
Pamina Manon Lamaison soprano
Papageno Florent Karrer baryton
Papagena Catherine Trottmann mezzo-soprano
Sarastro Jean Teitgen basse
L’Orateur (Sprecher) Josef Wagner baryton
Monostatos Marc Mauillon baryton
La Reine de la Nuit Aleksandra Olczyk soprano
Première dame Judith van Wanroij soprano
Deuxième dame Isabelle Druet mezzo-soprano
Troisième dame Marion Lebègue mezzo-soprano
Premier prêtre Ugo Rabec basse
Deuxième prêtre Blaise Rantoanina ténor
Chœur Unikanti-Maîtrise des Hauts-de-Seine
Les Siècles
Production Théâtre des Champs-Élysées, Les Siècles. Co-production Atelier Lyrique de Tourcoing, Théâtre Impérial-Opéra de Compiègne, Opéra de Nice-Côte d’Azur
Visuels : François-Xavier Roth © Holger Talinski : Cédric Klapisch © Unifrance
Représentation :
TOURCOING, Théâtre municipal Raymond Devos
samedi 9 décembre 2023 – 17h
dimanche 10 décembre – 15h30
TARIF A
1e série TP 45€ / TR 38€
2e série TP 30€ / TR 26€
– 28 ans 10€ / – 18 ans 6€
Durée : env. 2h50
Dès 10 ans
Spectacle surtitré en français
NOTE D’INTENTION DE CÉDRIC KLAPISCH
LA DIRECTION ESTHÉTIQUE
La Flûte enchantée est un opéra de Mozart qui met en scène les idées progressistes du siècle des Lumières. La musique de cet opéra a traversé les siècles et reste aujourd’hui comme une des œuvres les plus marquantes du compositeur. Elle propose un mélange assez unique entre la rigueur de Mozart et son côté fantasque et ludique. Ce que j’ai fait jusqu’à présent au cinéma a sou- vent été dans une approche réaliste. En abordant La Flûte enchantée, j’ai vite compris qu’il fallait que je sorte de mon langage habituel en abordant ma première mise en scène sur… une scène. J’ai égale- ment vite intégré qu’il fallait créer ici un univers visuel fantasmagorique et inventer un imaginaire dans une logique plus symbolique que réelle pour respec- ter cet aspect « enchanté » recherché par Mozart.
Aussitôt, tout le monde m’a demandé si j’avais envie de placer ce projet dans une esthétique classique ou moderne ? Comme s’il fallait choisir forcément entre les deux. J’ai ressenti que c’était justement cet entre-deux qui pouvait m’attirer. Pour moi, on ne peut pas mettre en scène un opéra et illustrer la mu- sique de Mozart sans assumer un certain classicisme. Je pense en revanche que l’opéra est un art ancien qui mérite d’être nourri avec des images modernes. La culture classique a besoin d’être confrontée au présent et à une certaine contemporanéité. C’est justement ce face à face qui peut m’intéresser.
LE RÉCIT
Cet opéra raconte le parcours de Tamino qui, pour devenir prince, doit suivre une « initiation » pour s’éle- ver et devenir noble et vertueux. La Flûte enchantée est ici comme une arme magique qui est confiée au prince pour se défendre contre les forces du mal et les mauvaises tentations. Pour moi, cet opéra est avant tout une allégorie sur le fait que l’art peut per- mettre à l’Homme de s’élever et de vivre en harmonie avec la nature. Le livret de La Flûte enchantée s’inscrit dans la pensée humaniste mise en avant par les francs- maçons du 18e siècle. Pour cette raison je me suis penché sur ceux qui ont créé l’esprit originel du siècle des Lumières …
LA PHILOSOPHIE DES LUMIÈRES
Ce livret fait directement penser à Jean-Jacques Rousseau qui croit aux vertus de l’éducation. Si ce philosophe a considéré que l’enfant naît naturellement bon, il a également souligné l’importance de l’éducation morale ou civique. Pour lui, les jeunes devaient être éduqués pour devenir des citoyens responsables et respectueux des lois et de la société, c’est à dire intégrer des principes humanistes comme la justice ou l’égalité mais aussi l’empathie ou la compassion envers les autres. Pour Rousseau, l’esprit humain « éclairé » permet de s’écarter des tentations maléfiques de certaines activités humaines.
Cette pensée de Rousseau redevient très actuelle avec le discours des écolos d’aujourd’hui. Selon Rousseau, l’Homme est né en harmonie avec la Nature, mais la société l’a corrompu. Pour lui, la civilisation ou l’industrialisation l’ont éloigné de la pureté de « l‘état de Nature ». Pour lui, l’Homme a besoin de renouer avec la Nature pour retrouver sa liberté et son bonheur. C’est cette même idée de recherche d’harmonie entre l’Homme et la Nature qui pour moi est décrite dans La Flûte enchantée… C’est cet axe humaniste et écologique que j’ai choisi de suivre pour apporter une lecture actuelle de La Flûte enchantée.
LA FLÛTE, INSTRUMENT DE LA PENSÉE VERTE
Notre monde actuel offre un combat très ouvert entre ceux qui croient avant tout au progrès et ceux qui veulent absolument respecter la Nature. Cet antagonisme se rapproche de ce qui structure La Flûte enchantée. Ici la Reine de la Nuit repré- sente les forces de la Nature et Sarastro représente la puissance de la civilisation. Ces deux person- nages qui devraient s’entendre sont en affronte- ment constant.
J’ai envie qu’il y ait un regard contemporain pour parler de ce thème éternel du rapport de l’Homme avec la Nature. Actuellement ce qui est du côté de la science, du progrès et de la civilisation continue d’être positivé face à l’obscurantisme. Et pourtant, si le monde de la nuit ou la sauvagerie de la Nature nous font peur, cette civilisation peut aussi nous faire peur. Même si nous vouons un culte à ce monde moderne surconnecté et technologique, et si c’est incontestable qu’il continue de nous faire rêver, il n’est pas non plus très rassurant… Le nucléaire, le dérèglement climatique, l’addiction aux écrans, la surindustrialisation, nous sauvent et nous effrayent tout à la fois.
Dans La Flûte enchantée, la Reine de la Nuit est une sorte de sorcière qui représente les forces de la Nature et de la nuit. Elle fascine et elle peut aussi effrayer. Sarastro représente le côté noble de la civilisation, l’éducation, les valeurs des Lumières… Lui aussi, au fond, peut faire peur. Sa façon « raisonnée » de nous embrigader (comme il le fait avec Pamina) agit comme une sorte de dictateur moderne à visage humain.
Dans la mise en scène, j’ai voulu remplacer les anciennes images religieuses par nos nouveaux temples… Les temples de la consommation et du capitalisme, ceux de la technologie et de l’informatique…
LE TON
Gravité et légèreté ont toujours ponctué l’art de Mozart avec un dosage très subtil. Je vais, moi aussi, rechercher un mélange de visuels qui mettent en scène une élégance, une classe, avec une esthé- tique plus triviale voire même comique. J’aimerais ainsi alterner des images chics avec des images ridicules ou violentes, des images glamour avec des images plus triviales… J’aime beaucoup ces chocs-là qui seront appuyés par un rapport fort et franc avec l’utilisation des couleurs. Clémence Bezat à la scénographie a choisi des rouges pro- fonds, des bleu-vert, des bleus électriques qui re- transcrivent ce combatentre le vert de la nature et les constructions humaines. De la même façon Stéphane Rolland joue avec les couleurs et les matières pour les costumes dans le même souci de signifier cet affrontement entre Nature et civilisation. Ainsi dans les décors ou les costumes, des matières organiques seront opposées aux matières plastiques ou métallisées qui feront aussi vibrer les lumières d’Alexis Kavyrchine (avec qui je travaille régulièrement au cinéma). Nous essayons ensemble d’utiliser matières et cou- leurs pour retranscrire l’univers virevoltant de Mozart. Les costumes, les lumières et la scénographie tenteront de chercher les mêmes harmonies et les mêmes intensités de contrastes que celles procu- rées par la musique de Mozart.
LE PROJET
Il n’y aura pas de gagnant dans ce combat entre l’Homme et la Nature. La résolution de la flûte décale cet affrontement et fait triompher l’amour du jeune couple, Tamino et Pamina. Pour autant, durant tout leur périple, ces deux jeunes gens vont traverser toute une série d’épreuves. Le chemin de l’éducation et de la vertu est semé de difficultés. Seule une flûte enchantée permet encore de croire qu’une harmonie est possible dans ce monde occupé par tant de conflits et d’antagonismes. C’est sans doute ce que Mozart pense du rôle fédérateur de l’opéra. Le chemin qui rassemble, le chant des chanteurs, le jeu des acteurs, les mélodies ou le rythme des instruments de musique, la structure du récit… Même si cela est particulièrement complexe à associer, il faut à tout prix essayer d’assembler ces éléments disparates. En tout cas, quand j’écoute Mozart, c’est justement cette complexité qui me donne très envie de jouer de la flûte moi aussi…